Destiny un mois plus tard : beau présent, mais sombre destinée

Au terme du premier mois d'exploitation de Destiny, nous pouvons à présent tirer des conclusions de cette aventure, qui a bien du mal à tenir toutes ses promesses. Retrouvez le test de cette nouvelle franchise, rédigé par Alandring et Soviet Suprem. 

Après des années à développer Halo en exclusivité pour les consoles de Microsoft, le studio Bungie s’est émancipé afin de créer une nouvelle franchise destinée à durer dix ans. Le premier épisode est sorti le 09 septembre 2014 et nous pouvons désormais partager nos impressions, avec le recul du premier mois d'exploitation.

La décision de ne pas sortir Destiny sur PC a choqué de nombreux joueurs et provoqué d’importants débats. Pourtant au vu du résultat, ce choix se justifie pleinement : bénéficiant de toute l’expérience de Bungie, Destiny dispose d’un gameplay exceptionnel, vraisemblablement l’un des meilleurs existant sur console. Ceci est principalement lié au dynamisme du titre. Malheureusement, aussi incroyable qu'il ne l'est, le dynamisme du titre ne parvient pas à en cacher les nombreux défauts : désagréable en solitaire, interactions sociales absentes ou très restreintes, contenu insuffisant et faible taux de loot. Voyons aujourd'hui comment se comporte Destiny manette en mains.

Un gameplay incroyablement dynamique

Capture d'écran de Destiny

 Ce dynamisme est provoqué par une barre de vie très limitée, ainsi que par une importance réduite du gain de niveaux. Ainsi comme dans Halo, la barre de vie se recharge en quelques secondes dans Destiny, mais elle peut se vider tout aussi rapidement. Cela oblige les joueurs à rester en permanence attentifs : il est obligatoire de ne pas rester trop longtemps à découvert, sous peine de mourir. Autre choix de game design qui accentue le dynamisme : le système de niveaux. Bien sûr, chaque gain de niveau améliore le personnage, offrant par exemple de meilleurs dégâts et un peu plus de résistance. Cependant, cette progression n’est que légère, aussi même des monstres d’un niveau nettement inférieur à celui d’un joueur peuvent tuer ce dernier s’il se montre imprudent.

Quand on ajoute à ces éléments une réapparition des monstres à un rythme qui frôle l’absurde – au risque de dégoûter les amateurs d’exploration –, on obtient un jeu dans lequel survivre est un combat de tous les instants. Les boss, pourtant capables de tuer en un ou deux coups, ne sont pas nécessairement les ennemis les plus dangereux. Dans Destiny, n’importe quel monstre peut être létal, aussi est-il indispensable de ne jamais se laisser submerger. Il ressort de ces choix un dynamisme incroyable, car une inattention de quelques secondes est nécessairement fatale. Ce sont aussi eux qui justifient l’absence d’une version PC : dans un jeu où la mort est un risque permanent, permettre d’utiliser des périphériques aux caractéristiques différentes (clavier – souris à la place d’une manette) demande d’entièrement repenser le gameplay, car sinon le titre serait soit trop facile soit trop compliqué, ce qui le priverait de son intérêt principal. Pour le lancement de sa nouvelle IP, Bungie n’a visiblement pas voulu prendre un tel risque, ce qui se comprend aisément.

Oublions le MMOFPS, il s'agit là d'un FPS coopératif

Capture d'écran de Destiny

Ultime conséquence de ces choix : Destiny est un jeu hautement désagréable en solitaire. En effet, s’il est possible de faire la totalité de l’histoire principale seul, les risques de mort (qui oblige à recommencer certaines phases) rendent l’expérience très frustrante. Ce n’est en revanche pas le cas en multijoueur, puisqu’il est possible de ressusciter un allié tombé au combat et qu’il n’est nécessaire de recommencer la séquence que si tous les joueurs décèdent. Destiny n’est pas plus un MMO, car il n’y a jamais plus de 15 joueurs par lieu et que les interactions sociales n’ont jamais été aussi peu présentes sur un jeu multijoueur : pas de système d’échanges, loots instanciés, pas de chat écrit ou de guilde en jeu, etc.

Le titre de Bungie se situe entre ces deux extrêmes : il s’agit d’un FPS coopératif, idéal pour jouer avec quelques amis. Dans cette catégorie, son gameplay fait merveille et vous donnera envie de jouer du matin au soir jusqu’à ce que vous ayez fini le contenu du jeu. Ce qui devrait vous prendre environ deux jours.

C’est là que le bât blesse : Destiny est particulièrement pauvre en contenu. Le jeu ne contient que 4 cartes PvE et 8 cartes PvP (dont 2 sont unanimement détestées par les joueurs). C’est maigre et cela se voit, puisque les missions du mode histoire (qui se finit en dix heures environ pour un joueur moyen) réutilisent à l’excès les mêmes lieux, ne faisant bifurquer les joueurs que pour affronter un boss inédit.

Le contenu de haut niveau pas aussi florissant qu'attendu

Néanmoins, comme vous l’avez certainement entendu ci et là, l’intérêt du titre ne vient pas de son mode histoire, mais de son contenu de haut niveau qui consiste à… refaire encore et encore le même contenu, dans l’espoir d’obtenir ainsi des objets de meilleure qualité qui vous permettront de recommencer les mêmes missions dans une difficulté plus élevée, dans l’espoir d’obtenir ainsi des objets de meilleur qualité qui vous permettront de recommencer les mêmes missions dans une difficulté plus élevée, dans l’espoir […].

Ce principe rappelle celui de Diablo, avec néanmoins une différence notable : dans Destiny, les récompenses sont extrêmement rares. Le contenu end game se révèle donc vite frustrant et seul le gameplay si exceptionnel du jeu incite à remettre le disque dans sa console une fois ce stade atteint.

Certes, les développeurs de Bungie font preuve d’inventivité pour recycler ce si faible contenu, avec notamment des contrats (qui demandent d’accomplir des actions précises, comme par exemple de tuer 20 joueurs avec une certaine arme), des events ou encore des objectifs quotidiens ou hebdomadaires qui vous orientent vers des missions et des assauts spécifiques du mode histoire. En outre, la finition du jeu est excellente : les serveurs sont d’une stabilité exemplaire et les bugs sont extrêmement rares.

Vault of Glass

Enfin, notons que deux raids viennent sauver l’honneur et la diversité du end game. Chaque raid se décompose en plusieurs étapes, dont la difficulté va crescendo. Ces étapes demandent toutes une stratégie différente et offrent aux membres de l’escouade des loots généreux, comprenant des matériaux d’ascension et des équipements légendaires de raids, décernés à des taux beaucoup plus élevés qu’ailleurs. Seulement, participer à ces raids peut se révéler très compliqué, puisqu’ils exigent de réunir 6 joueurs, sans aucun matchmaking pour trouver des compagnons. Dans n’importe quel MMO, cela serait très simple, mais dans Destiny, où il est impossible de discuter avec les joueurs autour de soi et où les guildes n’apparaissent pas en jeu, cela peut vite tourner au calvaire

En conclusion

Malgré toutes ses qualités, Destiny est probablement trop pauvre en contenu pour justifier de dépenser 70€ pour lui. Il s’agit d’un jeu correct, auquel il est agréable de jouer quelques mois avec des amis, mais qui ne retiendra personne davantage de temps. À ce jour un mois après la sortie, certains joueurs commencent à se tourner vers d’autres jeux de leur bibliothèque alors que ceux qui font encore tourner le titre attendent certainement les sorties des mois d’octobre et de novembre. L’annonce d’une première extension pour décembre avait choqué les joueurs, qui trouvaient cela beaucoup trop précoce. Cela pourrait au contraire être trop tard : Destiny, meilleur lancement pour une nouvelle licence aux États-Unis et au Royaume Uni, aura probablement été oublié d’ici là.

Pour ma part, l’aventure prendra fin jeudi 09 octobre, lors de l’expiration de mon abonnement au PlayStation +. J’y aurais peut-être joué un peu plus si cet abonnement n’avait pas été obligatoire pour une bonne partie des activités ou si j’avais eu une autre raison de le prolonger, mais ce n’est pas le cas. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer à Destiny avec d’autres joliens au sein d’un clan spécialement formé pour l’occasion, mais je conserve néanmoins l’impression d’avoir trop payé pour ce contenu famélique. Et si deux DLC sont prévus prochainement pour faire évoluer le jeu, je préfère le quitter dès maintenant avec un engagement ferme : je ne donnerai pas un centime de plus pour cette licence.

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