Pas sûr de me réjouir de l'annonce. Car malheureusement sans investisseurs, pas de gros jeux vidéos.
Si les éditeurs rentrent dans les exercices de réalisation de jeux vidéos au côtés des équipes de développement, c'est qu'il faut énormément de budget pour sortir un gros jeux. Si on parle de 200 millions pour SWTOR, ce qui correspond au budget des gros films.
Donc il faut des tunes, et sans Activision ou Vivendi, Blizzard n'aura pas pu terminé son wow. Et sans EA possible que Bioware n'aurait pas pu finir son SWTOR.
Pensez-vous rellement que ces boites de dev peuvent emprunter comme ça des dizaines, centaines de millions pour faire un jeux ? Non, même les banques si refusent. Du coup ce sont les editeurs qui portent les sponsors.
Mais si, c’est une excellente nouvelle. On se passerait volontiers de blockbusters pendant quelques temps, le temps que ça purge justement. Parce que là faut le purger, le malade, crever les bubons, les pustules, les abcès, les kystes qui purulent de partout sur le corps spasmodique de ce qui fut un jour l’industrie du jeu vidéo. C’est plus possible, tous ces clones ultra-marketés qui tiennent lieu d’offre en tentant misérablement de compenser par le tapage médiatique, les effets d’annonce et les ajustements cosmétiques ce qu’ils ne parviennent plus à proposer en contenu.
On va le redire une bonne fois pour toutes : le jeu vidéo, c’est un truc de capitaliste qui prend des risques, et à haut niveau, est prêt à miser gros pour gagner gros ou perdre gros, parce que non, c’est pas jouable de savoir à l’avance ce qui plaira à 10/20/30 millions de joueurs, et toute la science marketing du monde n’y changera jamais rien, faut prendre des risques et expérimenter, point final. Et ça, l’industrie ne le fait plus, parce que les manettes y sont recouvertes de lemmings terrorisés, alors on fait un joli emballage pour faire style, puis on dépense des fortunes en com pour convaincre Kevin que la dernière resucée de MMO/FPS/RTS c’est trop de la bombe zomg je dois tous les acheter, et ça marche pas trop mal d’ailleurs, tant il est habitué à écouter ça pour peu qu’on lui répète assez, Kevin.
Seulement les mecs qui ont fait exploser le secteur à la fin du XXème siècle c’était des entrepreneurs, des mecs prêts à prendre des risques, certainement pas un consortium de putain de gérants de fonds de pension tétanisés à l’idée de s’écarter d’un dixième de point du rendement exigé par leur prochain quarterly report, et qui ajustent tout le processus décisionnel chez les développeurs de jeu en fonction de ça, détruisant toute forme de créativité dans le secteur (et pourtant dieu sait qu’il est bourré de gens qui ne manquent pas d’idées) parce qu’il faut suivre ce qui marche tu comprends, on a des milliers de pages d’étude de cabinets de consulting qu’on sait que tu liras jamais, d’ailleurs nous non plus on les a jamais lus, mais ils sont là pour te prouver par a+b que c’était le bon choix sur le papier, et que si je me fais virer parce que mon projet n’a pas eu le rendement escompté c’est pas ma faute je suis couvert votre Honneur.
Mais surtout, non seulement un bon jeu n’a effectivement pas besoin de coûter 200 millions (combien en com là-dedans ? en marketing ? en pub, en autres coûts sans rapport avec le développement ?) mais quand bien même, 200 millions un jeu ? So what ? C’est rien, 200 millions. Tu vends 10 millions de copies de ton jeu à 60€, t’as fait 600 millions. Ah oui mais faut les toucher. Là c’est plus dur. Alors on invoque tout un tas de courbes et de savants graphiques qu’on utilise un peu comme le marc de café et les entrailles de bébé veau dans des temps plus reculés, en espérant y trouver la recette de la pierre philosophale, mais c’est oublier que le seul critère pertinent pour juger un jeu c’est le plaisir que les joueurs prennent à y jouer et leur envie d’en parler et d’y optimiser, et que c’est là qu’elle se situe, l’info intéressante.
La question c’est pas de savoir si ça coûte 200 millions, c’est de savoir qui les investit, et si comme actuellement ce sont exclusivement "lémarchés" ces entités aveugles accrochées aux annonces des banques centrales, des top corporations et des médias politiques dans l’espoir de rentrer un certain pourcentage rapidement et régulièrement, ben ça donne la situation actuelle, des lemmings accrochés aux manettes et des produits toujours plus décevants, convenus, sans âme, creux, perdus dans la contradiction insoluble entre leur mission de divertissement et celle de protéger les intérêts des leaders de l’industrie.
Il est donc urgent de purger tout ça, que le processus de destruction créatrice s’opère, bref, plus les parasites dégageront pronto du secteur, plus il y aura de place pour des gens réellement déterminés à prendre des risques, et à se pencher sur ce qui accroche vraiment un public toujours plus nombreux. Il y a de la demande, il y a du savoir-faire et des idées à ne plus savoir quoi en faire, la seule chose qui coince pour qu’on ait à nouveau des jeux qui fassent rêver, c’est des mecs capables d’investir en sachant que non, ça leur fera pas forcément 3% au prochain semestre, pour faire court. Et ça c’est dur en ce moment, parce qu’on est en pleine crise et que la tendance est de ne surtout pas se départir d’un kopek dont on n’aurait pas reçu la garantie de le revoir très vite avec des intérêts.
Spartan a raison, faut tout refaire, tout repenser. Mais tout le monde le sait ça, c’est pas une nouvelle, seulement tant que la soupe est bonne et que la fête continue, pourquoi prendre des initiatives, personne ne bougera. Il faut donc que ça se casse la gueule une bonne fois, que le marché, le vrai, s’adapte, filtre les investisseurs en séparant les motivés de ceux qui étaient là pour faire du pognon facile, pour ensuite repartir sur des meilleures bases, et espérons-le, finir par retrouver une culture de prises de risques et d’innovation dans le secteur.