Chronique d'un freemium annoncé

6/10
Cette critique est non exhaustive puisque j'ai stoppé mon expérience de jeu en cours de route. J'ai hésité à rédiger une critique à cause justement de ce manque de connaissance mais j'estime finalement en avoir suffisamment vu.

Quand on a de l'or entre les mains, on est investi d'une mission. Quand on adapte l'univers étendu de Star Wars ou celui des Elder Scrolls par exemple, on se confronte à des attentes aussi exigeantes que l'est la communauté de fans. Je peux vous dire, pour graviter encore aujourd'hui autour de la communauté de modders sur TES, que les fans du lore de Tamriel ont accueilli de mauvaise grâce les adaptations choisies par Zenimax pour les besoins du game design.

Principal grief, la composition des trois factions avec pour principales aberrations dénoncées les alliances, entre les orsimers et les rougegardes ainsi que celle entre les dunmers et les argoniens. Pour schématiser, imaginez que pour WAR Mythic ait à l'époque, choisi d'allier les nains et les orques pour la simple raison qu'ils sont voisins sur une carte, un scandale ? Une broutille en vérité, une pirouette scénaristique à laquelle on ne pense plus quand on se lance dans l'aventure... mais ce choix de la part de Zenimax, il n'est pas anodin, il révèle les sacrifices dont les développeurs se sont rendu complices pour achever leur projet.

Et des sacrifices dans TESO il y en a eu un paquet, tous les aspects du jeu mis à part l'aspect visuel ont été sacrifiés sur l'autel d'un portage console pourtant reporté.

Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer en quêtant dans tout Tamriel que le gameplay est à chier...

(ouais je suis un grand fan de Jean Ferrat)

C'est vrai que Tamriel est belle, punaise j'en ai pris plein les yeux. Difficile de juger de l'aspect technique du jeu puisque je joue sur une bonne machine, alors j'ai pu profiter de toutes les options graphiques, avec et sans preset sweetfx. Je n'ai pas boudé mon plaisir les premiers jours et j'ai assouvi ma curiosité en explorant des régions que les TES ne m'avaient pas jusque là permis de voir Elsweyr, Fangeombre ou Cold Harbor. Néanmoins les décors sont assez inégaux parce que quand on arrive en Bordeciel, on a juste envie de relancer Skyrim pour laver nos yeux de ces cèdres libanais qu'ils ont planté en Estemarche (enfin je dis ça, je suis pas botaniste, mais j'en ai un dans mon jardin qui ressemble exactement à l'idée que se fait un développeur d'une espèce boréale).
Néanmoins, le décor est planté et les personnages sont en place et plutôt beaux et vivants, enfin tant qu'ils ne portent pas d'armure légère car elles semblent peintes sur la peau ; ) Plutôt curieux, pas forcément raté mais curieux à regarder.

Un MMORPG ou vous êtes LE héros... parmi LES héros

Tout le monde a envie de jouer un héros, surtout en Tamriel ou on a toujours été amené à jouer un "élu" à la fois instrument et affranchi de l'influence des Aedras et Daedras. Mais un MMORPG n'est pas un RPG et si dans Oblivion on s'attend à être traité comme un champion, dans TESO c'est plutôt étrange d'être considéré comme tel au milieu d'un tas de clampins qui ont accompli les même exploits, sinon plus.

En s'appliquant au doublage de chaque quête (ce qui a du être un gouffre financier) l'équipe a tenté de donner plus de vie aux PNJ. Tout cela dans le but louable de nous impliquer... mais plus qu'il n'est nécessaire. Zenimax est tombé dans le piège de l'introversion de l'expérience de jeu (tout de suite là je pense à SWTOR). L'aspect social d'un MMORPG doit venir de l'interaction des joueurs entre eux et non de l'interaction du joueur avec les PNJ.

Hélas cette philosophie a salement déteint sur une interface sociale trop discrète et l'irruption d'un phasing outrancier. Je n'ai jamais vu un jeu où il est si peu intuitif de parler à un autre joueur, ou de le grouper, ou de le retrouver ou enfin de commercer avec lui.
Adieu l’hôtel des ventes pourtant aspect social essentiel des MMORPG, un lien important entre les joueurs même si il est souvent impersonnel.

Rien ne pousse à grouper en phase d'expérience, ni les boss élites, ni les ancres mal exploitées, seuls les donjons souvent esquivés en phase de progression remplissent ce rôle. Rien que le fait de quêter à deux est une expérience douloureuse car tout le temps interrompue par une cinématique de dialogue, une gestion d'inventaire poussive, un décalage d'instance, qui conduisent à une desynchro' avec le partenaire. L'immersion d'un seul joueur n'est pas compatible avec l'effort de socialisation que requiert un MMORPG, il vient à mon sens d'un procès d'intention fait par Zenimax à l'intention des joueurs qu'il pensait tous joueurs de RPG. Ce n'est vrai qu'en partie.

C'est à partir de ce moment où j'ai réalisé ces principaux décalages entre ma vision d'un bon MMORPG et les choix de Zenimax que j'ai complètement décroché de TESO sans en avoir pu en explorer tous les aspects. Mais ces problèmes de fond que je soulève sont pour moi rédhibitoires et plus handicapants que les problèmes de lag, d'équilibrage, de bots, d'ulti vampire, d'interface au minimalisme Finlandais... la liste est longue.

J'ai bien conscience que ma critique est à charge, mais pour moi ce MMORPG ne mérite qu'une considération esthétique. Je le trouve parfait pour un public console et vraiment insuffisant pour un public PC dans son format économique actuel. Je ne serais d'ailleurs pas étonné que le jeu passe en formule freemium juste avant la sortie console, d'où le titre provocateur de ma critique, ce qui ne serait pas un mal à mes yeux.

En ce qui me concerne pour re-jouer en Tamriel, je vais me tourner vers la communauté des modders et me dire : vivement la sortie de Skywind et Beyond Skyrim.
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Plateformes Google Stadia, MacOS, PlayStation 4, Windows, Xbox One
Genres Jeu de rôle (RPG), MMO, MMORPG, fantasy, médiéval

Bêta fermée Juillet 2013
Bêta ouverte 2013
Sortie 4 avril 2014 (Windows)
9 juin 2015 (PlayStation 4)
9 juin 2015 (Xbox One)
16 juin 2020 (Google Stadia)

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