Quand World of Warcraft rencontre Second Life, SOE annonce FreeRealms

Longtemps leader du marché des MMO (notamment grâce à EverQuest), Sony Online Entertainment a aujourd'hui laissé la main à Blizzard... mais entend bien se repositionner dans le peloton de tête. Après The Agency, SOE annonce FreeRealms, l'engeance cachée de World of Warcraft et de Second Life.

Dans la foulée de The Agency, son MMO d'espionnage officiellement dévoilé hier, Sony Online Entertainment annonce FreeRealms.
A mi chemin entre World of Warcraft et Second Life, FreeRealms entend incarner la rupture (c'est à la mode) avec le MMO traditionnel.

FreeRealms rompt d'abord avec le modèle économique traditionnel des MMO occidentaux. Après les expérimentations de la Station Exchange sur certains serveurs d'EverQuest II (permettant aux joueurs d'acheter et vendre des objets d'EQ2 contre de l'argent réel avec la bénédiction du développeur), SOE assume le MMO totalement F2P. En Asie d'abord, avec Kung Fu Hustle. Puis en occident prochainement, car FreeRealms sera disponible totalement gratuitement et en libre téléchargement. Le jeu sera financé par la vente d'accès à certaines zones réservées ou d'objets spéciaux permettant de personnaliser l'apparence de son avatar. Répondant au doux nom de « velvet rope » (littéralement, « la corde de velours », qui n'étrangle pas le joueur financièrement), ce modèle économique devrait se généraliser parmi les produits de Sony. SOE devrait sortir trois jeux dans les 15 mois à venir et ils devraient tous les trois permettre une expérimentation grandeur nature.
Si les projections de John Smedley, président de Sony Online Entertainment, se réalisent, les modèles économiques à base d'abonnements mensuels ont vocation à disparaître. Les abonnements représentent 100% du revenu de Sony aujourd'hui. D'ici deux ans, ils pourraient ne plus représenter que la moitié des gains financiers de la firme américaine. Dans cinq ans, plus aucun jeu en ligne de Sony n'imposera de souscriptions mensuelles aux joueurs.

En plus d'être accessible financièrement, le jeu se veut particulièrement facile d'accès, rapide à comprendre et à prendre en main. A en croire John Smedley, FreeRealms devrait pouvoir compter sur une interface « personnalisable à un degré encore jamais atteint » dans un MMO. On le croit sur parole.

FreeReamls rompt ensuite avec la « vieille garde » du jeu massivement multijoueur, bien loin du gameplay « old school » que l'on est habitué à voir dans les MMOG.
Même si l'univers du jeu se veut « fantastique » (comme le mastodonte World of Warcraft), FreeRealms vise le (très) grand public, bien au-delà des « gamers » de MMORPG. Le prochain titre de SOE s'adresse aux jeunes joueurs (la cible traditionnelle du jeu vidéo) et plus particulièrement aux jeunes filles. Sacrifions à l'image d'Epinal, on supposera qu'elles raffoleront de pouvoir (se) dessiner un avatar à leur image à l'aide des multiples déguisements virtuels disponibles dans les boutiques de Sony.
Pour atteindre l'ambitieux objectif du « mass-market » avec FreeRealms, SOE y relègue la chasse aux trolls à une activité résiduelle. FreeRealms met la créativité et l'imagination à l'honneur. Se voulant un véritable bac à sable virtuel, FreeRealms invite ses joueurs à y créer du contenu et à le partager. Un outil dédié, le ScaleForm, permettra à chacun d'imaginer son univers personnel ou de développer ses propres mini-jeux... et d'échanger ces créations avec les autres utilisateurs. Selon John Smedley, SOE se contentera de donner quelques grandes lignes directrices, laissant ensuite les utilisateurs « colorier à leur guise entre les lignes ».
Car FreeRealms se veut aussi une communauté sociale où l'interaction et l'échange règne en maître. Un gigantesque chat en 3D à la sauce MMO, en somme...

Récapitulons les inspirations de FreeRealms : un univers fantastique inspiré de WoW (8,5 millions de joueurs). Un contenu créé par les joueurs emprunté à Second Life (7,2 millions de résidents). Une communauté sociale jeune et féminine qui flirte avec celle de Habbo Hotel (50 millions d'utilisateurs à travers le monde).

SOE vise le très grand public et s'en donne les moyens... quitte à rompre encore une fois avec les méthodes classiques que l'on connaît dans le petit milieu du MMO. D'ores et déjà, le président de Sony annonce que le plan marketing de FreeRealms devrait plus s'inspirer de « la promotion du film Spider Man 3 que de celle d'EverQuest II ». De la publicité pour FreeRealms « n'est pas envisagée dans PC Magasines, mais plutôt sur YouTube ».

Et manifestement ce nouveau FreeRealms s'inscrit totalement dans la stratégie de diversification du groupe américain pour années à venir. Le planning des sorties de SOE est chargé pour les mois à venir et chaque titre du catalogue de SOE semble répondre à un segment particulier du marché vidéo ludique.
Des titres massivement multijoueurs traditionnels s'adressant aux « core gamers » avec Vanguard, lancé il y a tout juste quelques mois, en attendant le lancement de Gods and Heroes, un MMORTS dont le bêta-test devrait débuter l'été prochain et que SOE édite. Des MMO d'actions, décalés et s'adressant à un secteur de niche mais doté d'une forte identité (citons simplement le jeu de combat Kung Fu Hustle destiné à l'Asie ou le MMOFPS The Agency pour l'occident). Des jeux en ligne occasionnels ou communautaires que ce soit sur PC, console ou téléphones mobiles : le « Home » de la PS3 ou Little Big Planet (sur la même plateforme pour le PlayStation Network), ne citer qu'eux, rivalisent avec FreeRealms. Et même des jeux de cartes en ligne avec Stargate Online TCG ou encore un certain jeu de poker en ligne (c'est à la mode) pour la console « next-gen » de Sony...

En attendant les échéances de ce carnet de rendez-vous chargé, FreeRealms devrait être lancé durant l'hiver 2007 sur PC, puis au printemps 2008 sur PlayStation 3. Rendez-vous dans quelques mois pour un premier comptage du nombre de joueurs de ce premier MMO à vocation très grand public.

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