Test de Tennis World Tour : Roland Garros Edition - Une terre battue au rabais

Les internationaux de tennis ont repris en France, l'occasion pour Breakpoint Studio de refaire surface un an après un premier épisode timide et relativement décevant de Tennis World Tour. Pour son retour, la licence se dote d'une édition estampillée Roland Garros, censée corriger les nombreux problèmes qui empêchaient le jeu de marcher dans les pas de son maître Top Spin. Pourtant, on découvre rapidement une simple mise à jour où les nouveautés sont aussi rares qu'une victoire française à Roland-Garros.

Ah, Tennis World Tour. Héritier spirituel de Top Spin et plein de promesses de la part de ses créateurs, le cocktail parfait pour une terrible déception lors de sa sortie l'année dernière. Un an plus tard, le jeu revient dans une édition Roland-Garros, bardé d'une année complète de mises à jour où les développeurs ont tenté de corriger les nombreux défauts du jeu. Résultat ? Bah...

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Roland sans Garros

Cette édition Roland-Garros affiche rapidement sa principale nouveauté : Rafael Nadal. Multiple vainqueur du tournoi, il manquait cruellement à la première édition du jeu dont le casting était déjà plutôt maigrichon. Les développeurs en profitent également pour récupérer une joueuse française, Kristina Mladenovic et enfin nous servir un tournoi officiel. Au programme trois courts : Suzanne-Lenglen, Philippe-Chatrier ainsi que Simonne-Mathieu et c'est à peu près tout. Les trois courts principaux de Roland-Garros, Nadal et Mladenovic représentent ainsi la quasi-intégralité du contenu de la mise à jour vendue vingt euros (ou soixante pour celles et ceux qui n'ont pas le jeu de base), à laquelle on rajoute le court Manolo Santana du Mutua Madrid Open. Un contenu plutôt avare et un résultat pas bien meilleur.
En effet, ce qui frappe rapidement, c'est l'absence du tournoi en tant que tel. Si le jeu offre un mode tournoi que l'on peut personnaliser, et ainsi décider de jouer l'intégralité sur un terrain de Roland-Garros, le jeu ne permet pas de se lancer dans une véritable quinzaine d'internationaux à Paris en reprenant ses quelques tours et sa grande finale. Seul le mode carrière nous donne l'occasion de passer par Roland-Garros, mais c'est d'une manière très limitée et avec seulement une poignée de tours dans un mélange de tennismen inventés pour faire le nombre au classement mondial et quelques vrais joueurs qui se sont perdus par là. Ne rêvez donc pas d'incarner un tennisman mal classé qui débarquerait en première semaine pour créer la surprise face aux yeux médusés d'un commentateur apathique : vous n'aurez droit qu'à un mode tournoi personnalisé, se jouant sur un unique court, où il vous sera impossible de distinguer tableau féminin et masculin. Notre première tentative a par exemple donné un Rafael Nadal - Garbiñe Muguruza au premier tour, avant d'affronter Kristina Mladenovic en demi-finale pour finalement conclure avec André Agassi en finale. L'immersion s'est vite envolée pour donner des matchs peu engageants.

Alors, cette extension Roland-Garros ne relève finalement que de l'habillage graphique : des menus qui passent du bleu au orange et marron de la terre battue, des logos par-ci par-là, ses trois courts et ses deux nouveaux sportifs. Si l'on n'a rien à reprocher à Nadal et Mladenovic, il est bien difficile de parler sans sarcasme de cette extension qui ne nous a demandé que quelques minutes pour en voir tout le contenu. Bien heureusement, cette édition Roland-Garros a été l'occasion de redécouvrir Tennis World Tour après un an et de nombreuses mises à jour, pour le meilleur et pour le pire, alors que le jeu était une vraie déception à sa sortie.

État des lieux un an plus tard

Ce qui frappe au premier match, c'est un véritable effort effectué sur les animations : exit les transitions saccadées et les joueurs qui trottinent bizarrement sur le terrain, place à des animations plus détaillées - sans être parfaites. Les joueurs répondent bien mieux, on peut enfin zapper l'animation pré-service où le joueur fait rebondir la balle, l'inertie s'est réduite et on a un peu moins ce sentiment d'avoir un joueur sur rails qui se déplace presque tout seul, même si certaines actions où notre joueur se déplace anormalement vite - à la limite de la téléportation - persistent de temps à autre. Néanmoins, dans l'ensemble, le feeling est meilleur, les coups répondent mieux (les lifts ne sont plus des slices !) et, surtout, l'IA apparaît moins stéréotypée. C'est probablement la meilleure surprise puisque Breakpoint Studio a mis le paquet sur l'IA et la diversité des situations, permettant d'éviter une certaine redondance dans les échanges et la pousser à prendre plus de risques. Cela se vérifie, même si certains échanges ont encore trop tendance à s'éterniser sans que l'IA ne tente des choses et Tennis World Tour se révèle franchement sympathique à jouer de temps en temps pour peu que l'on ne cherche pas la performance ni une quelconque forme de jeu réaliste. 

On observe aussi qu'au fil des mois, le jeu a gagné quelques améliorations de contenu, avec notamment un nouveau mode de création de joueur et de joueuse qui permet enfin de personnaliser le physique, mais également un mode carrière un peu moins fouillis. Cependant, à part ça, Tennis World Tour reste bardé de nombreux défauts qui l'empêchent de ne serait-ce qu'approcher la qualité d'un Top Spin 4. On y trouve toujours en effet des actions surréalistes avec une hit box qui se rate complètement, lorsque l'on parvient à renvoyer une balle qui partait très clairement 20cm plus loin que la raquette, quelques animations encore saccadées, des coups et renvois surpuissants alors que le joueur est déséquilibré... Le diable est dans les détails et Tennis World Tour n'y échappe pas ; ce sont bien ces détails qui l'empêchent d'accrocher sur la longueur et de sortir de ce titre un jeu un peu sympa pour se renvoyer quelques balles avec un ami de temps en temps. Sorti trop tôt, ou avec trop peu de soin, le jeu reste assez peu engageant alors qu'il évolue très lentement. Par exemple, il n'y a toujours pas de matchs en double, son mode multijoueur en ligne est toujours terriblement instable et l'ambiance sonore est toujours ratée malgré quelques améliorations. On pense aux commentaires assez misérables qui interviennent un peu n'importe comment et sans vraiment s'adapter aux situations, mais aussi à l'ambiance des stades qui sont terriblement morts et ce même à la conclusion de longs échanges ou de points décisifs marqués d'une manière peu conventionnelle. 

Conclusion

On s'est ennuyé, voilà tout. Force est d'avouer qu'en un an, Tennis World Tour a bénéficié de beaucoup de mises à jour intéressantes, mais il partait de si loin qu'il lui reste encore un bon bout de chemin avant de pouvoir prétendre se rapprocher de Top Spin, la licence que les développeurs ont longtemps désignée comme leur but à atteindre. Cette édition Roland-Garros, quant à elle, ne contient en réalité que trois petits DLC (pack de courts, Nadal et Mladenovic) vendus séparément ou ensemble dans un pack à 20 euros. Pas de tournoi officiel, un habillage graphique paresseux, Tennis World Tour : Roland-Garros Edition est une mauvaise blague qui ternit un peu plus l'image d'un studio qui, pourtant, a fait de réels efforts pour améliorer son jeu depuis la sortie.

Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version Xbox One fournie par l'éditeur.

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