Test de Devil May Cry 5 - Démons et Merveilles - Màj du 17.11 : ajout de la Special Edition (PS5)

Onze années nous séparent du dernier Devil May Cry dirigé par Hideaki Itsuno. Si l'on a eu droit depuis au très critiqué spin-off DmC Devil May Cry par Ninja Theory, la série revient à sa source avec un cinquième épisode teinté de nostalgie, mais proposant quelque chose de plus moderne, alors que l'élève Bayonetta a dépassé le maître, pour en faire l'un des tous meilleurs opus de la saga.

Devil May Cry 5 Special Edition sur PlayStation 5 par Hachim0n

Devil May Cry 5 profite du passage à la nouvelle génération pour se doter d’une grosse mise à jour sur Xbox Series X, S et PlayStation 5. Premier hic : il faut repasser à la caisse avec quelques 39,99 euros dans les mains puisque Capcom n’offre pas la mise à jour du jeu de base si vous le possédiez. Sur PlayStation 4 et Xbox One, il est toutefois possible de profiter du nouveau contenu (hors amélioration des graphismes, évidemment) pour 4,99 euros, bien que deux nouveaux modes restent exclusifs à la nouvelle génération.

Cette Special Edition s’observe d’abord côté technique, avec l’accent mis sur le fameux ray tracing tant vanté par les deux constructeurs de console. Si les acheteurs de Xbox Series S devront s’en passer, ceux qui ont une Series X ou une PlayStation 5 sous la main (ou bientôt sous le sapin) peuvent s’en donner à cœur joie sur les reflets. Le jeu propose ainsi trois configurations des graphismes selon les préférences des uns et des autres. Le premier permet d’activer le ray tracing en 4K, la limite de celui-ci étant de faire basculer le jeu en 30 images par seconde. Un non-sens complet à nos yeux tant le jeu insiste sur la fluidité d’action et les réflexes, mais heureusement Capcom offre également un mode ray tracing en 1080p qui permet d’avoir un jeu qui tourne sans sourciller en 60 images par seconde. Plutôt sympathique à l’œil même si l’on remarque la perte de résolution, ce mode est celui que nous avons privilégié tant il apporte un confort certain. Si le jeu visait les 60 images par seconde sur la précédente génération, on remarquait quelques chutes de framerate qui semblent ici avoir été entièrement gommées. Mais pour les gens qui en sont équipés, le jeu propose aussi un mode « framerate élevé » avec 120 images par seconde, un mode dans lequel le ray tracing disparaît entièrement. Et pour les gens en mal de vitesse, on y trouve même un mode « Turbo » qui augmente la vitesse de jeu (exclusif à la nouvelle génération). Dans l’ensemble, tout fonctionne bien, les trois modes sont stables et permettent à chacun de trouver le meilleur compromis. Le ray tracing ne bouleverse aucunement l’expérience, mais, comme vous pouvez l’observer sur notre comparatif ci-dessous, il offre quand même de jolis effets ici et là.

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À gauche le mode ray tracing (performance, 1080p), à droite sans ray tracing.

Cependant, « DMC5 SE » n’est pas qu’une affaire visuelle, c’est aussi et surtout une question de contenu. Comme la Special Edition du quatrième opus à l’époque, la principale nouveauté est l’arrivée d’un personnage bien aimé : Vergil. Il est désormais possible de le sélectionner au lancement du jeu et ainsi profiter de son style de combat. Plus axé sur la précision, il se révèle plus technique à maîtriser que ses compères. Ses compétences sont particulièrement dévastatrices, mais nécessitent un doigté et une concentration plus accrue qu’un V par exemple, qui bourrine un peu tout le monde sans trop se poser de question. On note d’ailleurs la possibilité de faire apparaître son clone, plutôt que de se métamorphoser directement en démon avec la jauge de Devil Trigger, un système plutôt bien senti qui ajoute de jolies possibilités pour contrôler la foule de monstres qui se dresse devant nous. À cela, on ajoute un nouveau mode, le « Chevalier Sombre Légendaire », qui est, lui, exclusif à la nouvelle génération. Il profite en effet de la puissance des nouvelles machines pour transformer DMC5 SE en simili-Musô avec des ennemis multipliés par dix lors des combats. C’est honnêtement un vrai bordel, on perd vite le fil et le personnage se noie rapidement sous ses adversaires, mais cela a au moins un mérite : on peut farmer les orbes plus facilement pour débloquer les dernières techniques qui coûtent beaucoup trop cher.

Alors, faut-il repasser à la caisse ? Cela ne dépend finalement que de l’affinité de chacun avec le jeu. On prend plaisir à le parcourir à nouveau avec Vergil malgré l’absence totale de nouvelles cinématiques et sa direction artistique ratée sur la deuxième moitié du jeu. Néanmoins, le nouveau personnage apporte son lot de nouveaux combos à maîtriser et, surtout, le mode « Chevalier Sombre Légendaire » est particulièrement rigolo à faire. Enfin, le ray tracing et les 60 images par seconde sans ralentissement notable sont, mine de rien, des ajouts sympathiques. Toutefois, il faut garder en tête que ce n’est qu’une simple mise à jour qui ne révolutionne pas le jeu et qui, clairement, n’est pas indispensable.

 

Quelques années après les événements de Devil May Cry 4, Nero, qui a vu son bras Devil Bringer lui être arraché, a créé sa propre agence de chasseurs de démons en compagnie de Nico. Les choses se gâtent lorsque Red Grave City voit pousser en son sein un arbre démoniaque du nom de Qlipoth, planté là par le démon Urizen. Tous les chasseurs de démons du coin, y compris Dante, se retrouvent là-bas et tentent de l'affronter. 

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On a roulé sur des démons

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Depuis l'avènement de Bayonetta comme maître du beat'em up, Capcom avait quelque peu mis sa licence Devil May Cry de côté en se contentant simplement de quelques remasters et portages ici et là. Néanmoins, Hideaki Itsuno avait d'autres projets pour la licence et c'était ce cinquième opus : en se rattachant à la série principale, le développeur se rappelle au bon souvenir des fans de la première heure. Heureusement, les néophytes ne seront pas trop perdus grâce à un résumé de l'histoire de la série, court et efficace, proposé dans le menu principal. Une fois ressassés les bons souvenirs des précédents épisodes, le jeu nous met de suite dans l'ambiance avec une bataille aussi épique que suicidaire avec le grand démon coupable de tous les maux. Dans la peau de Nero, premier personnage jouable, on voit Dante affronter et échouer face à la plus grande menace qu'il ait connu, pendant que Trish et Lady sont capturés. Un scénario catastrophe qui lance les hostilités et nous dévoile l'horreur qui frappe la ville de Red Grave. 

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Devil May Cry 5 nous donne le contrôle de trois héros au style très différent. D'abord, Nero, le héros du quatrième épisode, a perdu son bras démoniaque Devil Bringer au cours d'une terrible bataille, et se voit affubler cette fois-ci des Devil Breakers, des prothèses créées par l'ingénieure Nico, qui l'accompagne dans sa chasse aux démons. À bord d'un van improbable, elle vient nous prêter main forte chaque fois qu'on l'appelle dans des cabines téléphoniques, en nous permettant d'acheter des compétences et autres joyeusetés. Ses Devil Breakers donnent à Nero une variété d'approches bienvenue, par exemple avec un grappin qui lui permet de se déplacer vers un ennemi ou de l'attirer à lui, ou encore avec divers compétences liées à certains Devil Breakers. En effet, ils sont nombreux et si on peut en acheter quelques-uns auprès de Nico, la plupart se trouvent sur le champ de bataille. Nero n'est capable d'en porter que quatre sur lui (avant améliorations), alors il faut faire le bon choix et en prendre soin, car la subtilité réside dans la possibilité de détruire ces bras mécaniques. Soit lorsqu'un démon le touche en pleine utilisation, soit en l'explosant volontairement pour se défaire d'une situation périlleuse. Associé à la mécanique Exceed, qui permet à Nero de faire vrombir son épée pour la charger, et son gros flingue, c'est un personnage plutôt technique à jouer et doté d'une variété de coups très intéressante au fil de la découverte des Devil Breakers. Si le premier bras est assez basique, on a une affection particulière pour les coups de fouet du bras Rawhide.

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Vient ensuite V, une sorte de marionnettiste démoniaque qui fait apparaître un gros chat et un aigle trop bavard à ses côtés. Se tenant loin du combat, son gameplay se révèle particulièrement jouissif : ici, il n'est pas question d'aller au corps à corps avec les ennemis, mais plutôt d'envoyer ses sbires en se tenant à distance des hostilités. Son aigle et sa panthère s'occupent joyeusement des démons pendant que V lit un livre de sorts, jusqu'à la nécessité d'achever les démons d'un coup de canne ou de sandale - parce que ses invocations ne peuvent pas achever les ennemis. Plus basique que les autres personnages, il n'en reste pas moins terriblement séduisant tant la perspective de démonter les démons en lisant un livre en sandalettes nous a fait rire. Le sentiment de toute-puissance est bien présent malgré une certaine fragilité lorsque les ennemis parviennent à s'approcher et c'est cette originalité dans l'approche des combats qui donne à V un goût très particulier. D'autant plus qu'une fois sa jauge de Devil Trigger pleine, il peut invoquer un golem qui écrase un peu tout ce qui bouge encore.

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Enfin, le véritable héros de la série, Dante, est celui qui arrive en dernier. On y retrouve un peu tout ce qui le rendait plaisant à jouer dans les précédents épisodes, de son épée Rebellion à ses flingues Ebony & Ivory, en passant par une multitude d'armes à découvrir dont la moto Cavalière qui nous a donne une vraie satisfaction lorsqu'il s'agissait de, littéralement, rouler sur des démons. Dante est le personnage qui offre le plus de diversité. Plus difficile à maîtriser que les deux autres, il tire son épingle du jeu du retour de ses quatre styles de combat Swordmaster, Trickster, Gunslinger et Royal Guard. Quatre types d'approche différentes : Royal Guard nous invite à encaisser des coups pour en renvoyer toute leur puissance, Trickster fait de l'agilité la principale menace, tandis que Swordmaster et Gunslinger se fondent sur des capacités différentes pour chaque type d'arme. Au contraire de Nero, qui ne permet pas de changer de bras à la volée, tout est plus fluide avec Dante en permettant de changer d'arme et de style de combat en une touche, afin de varier les combos et d'en tirer toute leur puissance.

Un jour sans fin

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De celles et ceux qui gèrent les combos comme personne en enchaînant les rangs S aux autres qui galèrent, le jeu s'adapte un peu à tout le monde en proposant deux types de gameplay. Le classique, celui qui nécessite d'en apprendre toutes les ficelles, et l'automatique, celui qui réalise quelques combos à votre place. Si ce mode ne sera même pas abordé par les fans, on est bien content de voir que le jeu permet aux néophytes de s'amuser et de lancer quelques combos dévastateurs dès le début du jeu sans avoir à en apprendre toutes les subtilités. D'autant plus que le jeu peine à accompagner le joueur en zappant largement toute forme de tutoriel. On pense notamment aux Devil Breakers de Nero dont les subtilités sont découvertes au fil de l'aventure et parfois un peu par hasard, au gré des essais, alors que le jeu n'explique pas grand chose. Néanmoins, c'est aussi un bon point pour un jeu qui, finalement, nous incite à expérimenter et à tenter de nouvelles choses ; c'est l'essence même des bras mécaniques de Nero ou des nombreuses armes de Dante. Si V manque de profondeur dans son gameplay, les deux autres héros laissent suffisamment de marge pour pouvoir expérimenter et découvrir, souvent par hasard, des coups d'une violence terrible. D'autant plus que les démons sont très variés, avec un design souvent sombre et parfaitement terrifiant, notamment des boss qui offrent un challenge intéressant et des affrontements plutôt captivants. Attention toutefois, si l'essentiel des compétences à débloquer proposées par la boutique de Nico sont parfaitement achetables pour les trois héros avec les démonites acquises en mission qu'ils partagent, on note quelques compétences qui nécessitent de grind un bon bout de temps ces fameuses orbes ou de dépenser de l'argent réel pour en acheter. Ces compétences ne sont pas décisives et relèvent plus du bonus qu'autre chose, mais leur coût prohibitif incite largement à sortir le porte-monnaie pour les joueurs les moins acharnés. 

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Néanmoins, ce qui fait la force du jeu est sa mise en scène, une merveille. Un peu moins folle et grandiloquente que celle d'un Bayonetta, elle propose une iconographie qui fait de ses héros des êtres tout à fait formidables, de la mise en scène de leurs coups et de leur violence à ce ton toujours blagueur et décalé face à l'urgence de la situation. Les fans me sauteront peut-être à la gorge pour ces mots, mais on retrouve un peu l'esprit qui animait DmC Devil May Cry, avec plus de maîtrise et probablement plus d'émotion, bien que les passages censés nous émouvoir ont tendance à tomber à plat. Néanmoins, le jeu tire pleinement partie de l'ambiance démoniaque de cette ville d'inspiration londonienne, à l'ambiance gothique bien sentie qui tranche avec le côté très générique des décors du Qlipoth, l'arbre démoniaque où l'on passe beaucoup (trop) de temps. Sa direction artistique montre quelques bonnes choses au début, mais la lassitude prend rapidement le pas et on regrette un manque de diversité dans des environnements qui ont tendance à tous se ressembler. Loin de la direction artistique de ses prédécesseurs, c'est certainement le principal défaut du jeu. 

Beau comme un camion

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Pourtant, le jeu est de toute beauté : le RE Engine expérimenté avec Resident Evil 7 fait encore une fois très bien le travail. Le jeu séduit par la qualité des animations de ses personnages, tant dans leurs visages que dans leurs mouvements, et par cette fluidité terrible en passant d'un combo à l'autre. Tout s'anime très proprement et offre à l'image un spectacle séduisant tant la sensation de puissance des combos est décuplée par l'aisance avec laquelle ils s'animent. Et les choses n'en deviennent que meilleures lorsque la musique entre en jeu. Au rythme des combos, la bande-son entre électro et heavy metal offre des séquences qui tabassent méchamment. Difficile de ne pas se laisser prendre au jeu et d'avoir quelques envies de head bang alors qu'on s'amuse à enchaîner des démons qui auraient mieux fait de rester chez eux. Bon, on tente tout de même de rester concentrés : Devil May Cry 5 peut être très difficile lors de certains passages, qui plus est dans les nouveaux niveaux de difficulté débloqués à la fin du jeu.

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On note tout de même quelques problèmes techniques : la version Xbox One testée subit quelques baisses de framerate ici et là malgré un objectif de 60 images par seconde très souvent atteint. On remarque également des textures plutôt baveuses sur certains éléments du décor et un abus du flou de mouvement.
Enfin, un mot sur la caméra : celle-ci n'a d'équivalent que le dégoût que nous inspirent certains ennemis. Il serait grand temps de faire quelque chose messieurs les créateurs de beat'em up, ce n'est plus possible. C'est assez déprimant de voir que l'on retrouve cet éternel problème, accentué par la décision de rapprocher la caméra de l'épaule du héros : si celle-ci a heureusement tendance à s'éloigner lors des combats pour avoir une meilleure vue d'ensemble, elle reste très capricieuse et masque souvent des ennemis dans notre dos. 

Conclusion

Aussi brutal qu'impressionnant, Devil May Cry 5 rend honneur à la série en proposant un jeu très solide d'un bout à l'autre. Si on regrette une direction artistique en deçà de ce que la série a pu proposer de meilleur, ses nombreux types de gameplay et son ambiance générale nous donnent envie de nous y plonger encore et encore. Il n'a jamais été aussi bon de partir à la chasse aux démons et on prend plaisir à exploiter les compétences de chaque héros. Ses quelques interactions coopératives asynchrones qui consistent essentiellement à voir le fantôme d'un autre joueur se battre au loin sont dispensables, mais existent bien, tandis que des missions secrètes viennent agrémenter le tout pour en faire un des meilleurs épisodes de la saga. Maintenant, nous attendons avec impatience le Palais Sanglant, mode de jeu apparu dans les précédents épisodes qui consistait à grimper des étages en affrontant toujours plus d'ennemis. Celui-ci devrait être disponible dans une mise à jour gratuite le mois prochain.

Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox One X, Xbox Series X|S
Genres Action, contemporain, fantasy

Sortie 8 mars 2019
10 novembre 2020 (Xbox Series X|S)
12 novembre 2020 (PlayStation 5)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.