Test de Travis Strikes Again - Plus de héros ?

Le 18 janvier 2019 sortait sur Switch le jeu Travis Strikes Again: No More Heroes. Comme son sous-titre l'indique, il s'agit d'un spin-off de la série No More Heroes. Comment se situe-t-il par rapport à sa série originale ?

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No More Heroes est un jeu de Suda51 - à qui l'on doit également d'autres titres tels que Killer7, Lollipop Chainsaw, Killer is Dead ou encore Let It Die - sorti au Japon en 2007 sur Wii. Si je parle du Japon, c'est que le titre est sorti quelques mois plus tard dans nos contrées, mais dans une version censurée (PEGI 16 malgré tout) où les gerbes de sang dans les cinématiques de mise à mort des boss étaient remplacées pas des gerbes de monnaie. Malgré cette censure qui, à défaut de respecter l'œuvre originale, respectait au moins son esprit, le titre fut suffisamment un succès pour connaitre une suite sur Wii et un remake sur PlayStation 3 et Xbox 360.

On débutait No More Heroes alors que Travis Touchdown, l'anti-héros du titre, recevait un colis contenant un sabre laser. Il avait commandé celui-ci afin de devenir assassin pour pouvoir se payer des jeux. Cependant, il est rapidement contacté par une association d'assassins qui le pousse à devenir l'assassin numéro 1 en tuant tous les autres assassins au dessus de lui dans le classement.

Suda51 oblige, le jeu est complètement décalé. Chaque nouvel assassin est la raison d'un nouveau niveau assez unique dans son ambiance (changeant parfois le gameplay) suivi d'un combat contre un boss qui ne démérite pas. Toutefois, entre deux assassins, c'est salle de sport pour se renforcer, détour pour changer ou améliorer son arme et surtout petits boulots (qui sont autant de mini-jeux) pour financer tout ça.

Qu'on apprécie ou pas l'ambiance, le titre ne laissait pas indifférent. C'est pourquoi nombreux étaient les fans en attente d'un nouvel opus. C'est cependant un spin-off auquel on a le droit ici.

Travis Strikes Back

Dans ce nouveau titre, on retrouve Travis, qui a raccroché de son boulot d'assassin pour se consacrer à sa passion : le jeu vidéo. Néanmoins, il n'en a pas pour autant perdu ses compétences de professionnel. Heureusement, puisque le titre débute après qu'il soit attaqué dans sa roulotte par Badman, un ancien baseballeur pro reconverti en assassin, qui en veut à Travis d'avoir tué sa fille, Bad Girl.

Cependant, le jeu maudit qu'il avait utilisé pour réussir à retrouver Travis les aspire tous deux dans son monde virtuel. C'est alors que commence réellement le jeu.

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Avant de passer sur le jeu en lui-même, je termine avec l'histoire afin de ne plus avoir à en parler : Travis dispose d'une console diabolique, la Death Drive, dont la légende raconte que quiconque réussira à trouver et à battre les six jeux qui ont été développé pour celle-ci verra son vœu accompli. L'échec dans un jeu signifie bien entendu la mort. Le jeu alterne donc alors entre les phases de gameplay dans les six jeux (dans lesquels Travis et Badman coopèrent, chacun espérant réaliser son vœu) et les phases de narration où Travis part à la recherche du jeu suivant dans une mise en scène inspirée des visual novels.

Bien que plutôt barrées (avec beaucoup de quatrièmes murs brisés), les phases narratives peuvent connaitre quelques longueurs.

Des jeux différents ?

Lorsqu'un jeu, spin-off d'un beat 'em up, propose d'avoir le héros happé dans l'univers de six jeux différents, on peut s'attendre à avoir six gameplay totalement différents inspirés de celui du jeu visité.

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Malheureusement, on aura en fait six beat 'em up, avec quelques variations sur ce qu'il y a autour. La variation la plus marquante est la caméra, passant de vue de trois quarts à la vue de côté en passant par la vue de dessus selon le jeu visité. Ces changements de caméra s'accompagnent de modifications plus ou moins importantes du gameplay. Par exemple, lorsqu'on se retrouve en vue de côté, il y a un léger aspect de jeu de plateforme ajouté à la dimension beat 'em up.

C'est vraiment dommage avec une telle base de ne pas être allé plus loin. D'autant plus qu'ils avaient annoncé durant le développement de nombreux partenariats avec des jeux indépendants. On imaginait sans mal que chaque jeu se serait inspiré dans l'ambiance et le gameplay d'un de ces jeux. Mais non, chaque jeu du titre est inédit, avec des ambiances violentes peu adaptées aux plus jeunes, et repose essentiellement sur du beat 'em up.

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Les partenariats avec les jeux indés servent uniquement pour les t-shirts de Travis (ou de Badman) qu'on peut débloquer et remplacer entre deux jeux. L'avantage, c'est que si on cherche de bons jeux indés sur Switch, il suffit d'aller voir les logos disponibles sur les t-shirts de Travis. Cependant, c'est tout de même triste de constater que ça se limite à ça.

Autre partenariat, celui avec Unreal dont le moteur fait tourner le jeu. Si vous ne saviez pas qu'il tournait sur Unreal Engine, vous ne manquerez pas de rapidement le savoir. Le logo est affiché sur la page du menu principal, en aussi gros que le menu. Le logo est à trouver en jeu sous forme de collectible. Le logo sert de seconde monnaie pour acheter certains t-shirts. Un bon nombre de t-shirts ont même le logo comme visuel imprimé dessus.

La pub pour Unreal dans le jeu est aussi subtile que la pub sur un homme-sandwich. J'espère que le partenariat était très profitable.

Et donc, le jeu ?

Comme dit précédemment, il s'agit d'un beat 'em up, mais un plutôt old school. On dispose d'une attaque légère, d'une attaque puissante, d'un saut et d'une roulade pour les actions de base. Le jeu va un peu plus loin en proposant d'avoir jusqu'à quatre compétences et en proposant un système d'attaques spéciales.

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On peut jouer seul (en incarnant Travis ou Badman) ou à deux (en local uniquement). Précisons qu'en jouant seul, le second personnage n'est pas présent. Néanmoins, l'équilibrage se fait d'une manière très intéressante : l'expérience et les compétences sont partagées.

On débute sans compétence et sans expérience. Lorsqu'on obtient notre première compétence, on peut choisir sur qui l'équiper. Elle est unique : on ne peut pas l'équiper sur les deux. Lorsqu'on obtient la seconde, on peut l'équiper sur le même perso (si on joue seul ou qu'on n'aime pas notre pote) ou répartir une compétence chacun. Et ainsi de suite.

Il est possible d'avoir jusqu'à quatre compétences par perso. Les compétences sont intéressantes puisque très variées en termes d'effets (toutes ne sont pas offensives et on pourra choisir d'emporter un bouclier ou un soin par exemple) et de temps de récupération. Il est donc possible de vraiment adapter ces compétences à sa façon de jouer et même de prévoir une certaine complémentarité en jouant à deux. D'autant plus que certains pouvoirs sont encore plus efficaces à deux que seul.

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De façon similaire, lorsqu'on gagne de l'expérience, celle-ci est mise en commun. Une fois que suffisamment d'expérience est accumulée, on peut choisir de l'investir dans un personnage pour le faire progresser. Par exemple, si j'ai accumulé 500 points d'expérience et que les deux personnages sont niveau 1, je peux faire progresser un des deux au niveau 2 en consommant ces 500 points (il gagne alors en dégâts et en points de vie). Si j'accumule à nouveau 500 points, je peux faire progresser l'autre personnage au niveau 2 ou continuer à accumuler pour continuer à faire progresser le premier.

En jouant à deux, on a donc un gros avantage grâce à ce cumul de plus de vie et de dégâts, mais la progression des personnages est plus lente et la lisibilité est moindre - du fait qu'il y a un perso de plus apportant ses effets visuels.

Là où le bat blesse

Le premier défaut du titre est la lisibilité. Assez peu étonnamment quand on connait un peu les titres de Suda51, la direction artistique est... particulière. Sans aller aussi loin que ce qu'il a pu faire par le passé, c'est un titre qui sait malgré tout imposer une patte qui le rend immédiatement identifiable.

Malheureusement, cette direction artistique, cumulée au choix d'avoir une zone de jeu au format 4:3 pour reproduire le format des jeux d'antan (les bords sont tout de même recyclés pour y mettre un HUD), fait qu'il n'est pas toujours évident de distinguer tous les projectiles au milieu des effets qu'on produit (ennemi tué, compétence...), augmentant de facto la difficulté générale du titre.

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Le second défaut est le manque d'évolution du gameplay par rapport à ce qu'on pouvait espérer. On l'a dit, même si changer de jeu apporte des changements au gameplay, ces variations sont assez limitées et n'affectent que rarement le gameplay principal. On a donc comme principale variation les compétences qu'on a trouvées (ou pas) et équipées (ou pas) pour faire un peu évoluer les combats.

Il aurait été appréciable d'avoir la possibilité de faire évoluer un peu son arme, à l'instar de ce qu'on pouvait faire sur les titres de la série principale, afin d'apporter un peu de changement dans les attaques ou, a minima, la possibilité d'augmenter la taille de la batterie (qu'il faut toujours recharger régulièrement, même lorsqu'on utilise Badman et sa batte).

En conclusion

Travis Strikes Again: No More Heroes est un titre qui s'adresse avant tout aux amateurs de beat 'em up (old school, de préférence). Il est clairement incontournable si en plus ils comptent le faire en coopération.

Il s'adresse également aux amateurs de No More Heroes et de Suda51, qui retrouveront sa patte inimitable dans ce titre et se sentiront complètement chez eux à la première sauvegarde effectuée (toujours dans les toilettes).

Le tarif affiché pour le jeu est en adéquation avec un public ciblé plutôt de niche, puisque le titre seul est à 30€ et à 40€ avec son season pass (contenant deux DLC prévus respectivement pour le 28 février et le 30 avril 2019).

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Test réalisé par Peredur à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch
Genres Action, contemporain, fantasy

Sortie 18 janvier 2019 (Monde) (Nintendo Switch)

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