Test de The Swords of Ditto : quand Zelda et rogue-like se rencontrent

Sorti le 24 avril 2018 sur PC et sur PlayStation 4, The Swords of Ditto nous promet une aventure colorée jouable seul ou à plusieurs. L'expérience est-elle de qualité ?

Commençons par l'information essentielle : vous êtes condamné. Pas nécessairement condamné à mort, mais condamné à affronter Mormo, une femme dotée de pouvoirs mystiques terrorisant la région, au bout de sept jours. Votre unique objectif est de vous préparer à cet affrontement, bien qu'il soit possible de mourir avant d'y parvenir.

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24H Chrono

Bien qu'officiellement considéré comme un rogue-like, The Swords of Ditto a beaucoup plus de ressemblance avec la licence Zelda. En effet, votre aventure suit en bonne partie la trame traditionnelle des jeux de cette franchise : effectuer un donjon afin de récupérer une nouvelle arme, puis un autre exploitant grandement les mécaniques de l'arme débloquée.

Au terme de ce deuxième donjon, il est possible de détruire une "ancre". En agissant ainsi, le boss final sera grandement affaibli ; c'est la manière la plus directe d'influer sur l'ultime combat. En tout, il est possible de détruire deux ancres par partie, mais il est aussi possible d'affronter Mormo en en ayant détruite une seule, voire aucune. Le combat est nettement plus compliqué, mais pas impossible pour autant.

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Ce n'est cependant pas la seule façon de se préparer pour le combat. Il est possible d'acquérir de l'équipement, de se doter de nouvelles armes et d'augmenter son niveau, améliorant la vie maximale. L'aventure est très complète : outre les donjons principaux, il est possible d'en visiter plusieurs autres, de taille plus modeste. De même, certaines quêtes sont proposées au joueur. En outre, le bestiaire est très varié et offrira des menaces bien distinctes. Enfin, la carte n'est pas énorme, mais paraît parfaitement adaptée : la parcourir entièrement occupe largement les sept jours disponibles.

Il existe néanmoins une solution pour s'octroyer un peu plus de temps : faire une offrande à une déesse afin de remonter dans le temps. Cette action est toutefois loin d'être anodine, car elle est assez coûteuse.

Die & retry

Le jeu se présentant comme un rogue-like, la mort est nécessairement un mécanisme important. Plus exactement, un nouveau héros apparaît tous les cent ans. De vos actions dépendent donc l'avenir de la région : en cas de succès, le village prospère pendant un siècle, en attendant le retour de Mormo. Dans le cas contraire, les stigmates de son action sont bien visibles : bâtiments fissurés, routes peu entretenues, etc. 

Comme indiqué précédemment, il est possible de mourir à tout moment. En cas de mort, l'ensemble de l'équipement est perdu. De plus, le monde doit être redécouvert et si des ancres avaient été détruites, elles ont été restaurées. Néanmoins, tout n'est pas perdu, loin s'en faut. Premièrement, le niveau du personnage est conservé. Deuxièmement, l'argent est également accumulé. Enfin, les jetons permettant de remonter dans le temps demeurent aussi d'une partie à l'autre.

Conséquence de ces éléments, il est parfaitement possible d'accumuler des ressources pendant plusieurs parties, puis de tout utiliser sur un seul run. Le système est bien pensé : la mort est pénalisante, mais pas entièrement frustrante pour autant.

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Néanmoins, si l'aspect Zelda-like est de qualité, les amateurs de Rogue-like risquent d'être déçus par le titre. En effet, il est terriblement monotone : les parties se ressemblent beaucoup. Certes, les armes obtenues ne sont pas les mêmes, mais il s'agit davantage de modifications superficielles du gameplay que de bouleversements profonds. Sword of Ditto est très, très loin de titres tels que Rogue Legacy ou Dead Cells, dans lesquels chaque partie est réellement utile et différente.

En cela, il est légitime de s'interroger concernant les choix de Onebitbeyond. Plutôt que de demander de recommencer cette phase à chaque partie, il aurait peut-être été plus intéressant de décider que les ancres détruites le sont définitivement et que l'armement est conservé ; en contre-partie, il aurait été logique d'intégrer beaucoup plus d'ancres au jeu. Ainsi, chaque partie aurait été un combat contre-la-montre afin d'affaiblir définitivement le boss final, qui aurait été une fin et non une étape.

Joue avec moi !

Évoquons également la direction artistique du jeu. Celle-ci ne fera pas que des heureux, mais elle a clairement un style particulier et la réalisation est impeccable. L'histoire est en outre adaptée à cette direction artistique. Ainsi, les armes sont désignées sous le nom de "jouet", tandis que les équipements se nomment "auto-collants". Tout le jeu donne une impression enfantine assez agréable, à condition de ne pas être hermétique à ce style graphique.

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Sur le plan technique, le résultat est assez inégal. Le jeu s'en sort globalement bien, ne souffrant guère de ralentissements ou de problèmes techniques importants. Cependant, certains bugs existent et sont assez inexplicables. Ainsi, il est possible de jouer aussi bien avec la manette Xbox qu'avec une DualShock ; il est aussi possible de jouer avec le duo clavier/souris, mais l'ergonomie est clairement moins bonne. Bien que cette possibilité paraisse évidente en 2018, il est agréable que les développeurs y aient pensé, ce d'autant plus qu'il est possible de choisir les boutons affichés à l'écran. Néanmoins, si vous optez pour une DualShock 4, les boutons indiqués... sont faux. En effet, quand le "X" est présent, il faut en réalité cliquer sur "O". Quand c'est le "O" qui est demandé, il faut préférer le bouton "carré" de la manette. On prend vite l'habitude, mais ce problème est très étonnant - espérons qu'il sera corrigé au plus vite.

For every kind of badass

Je n'ai cependant pas évoqué le point positif principal de Sword of Ditto : la personnalisation de l'expérience. En effet, il est possible de choisir entre trois modes de difficulté et de changer à tout moment, possibilité rare dans les jeux de ce type. Chaque difficulté correspond parfaitement à ce que le joueur peut rechercher : le mode "détente" est réellement facile, le mode "standard" est bien dosé et le mode "héros" offrira un challenge relevé pour ceux cherchant ce type d'expérience.

De plus, ce n'est pas la seule option proposée par le jeu. À tout moment, il est possible d'être rejoint par un second joueur, bien que ce soit faisable uniquement en local. À deux, l'expérience est évidemment plus simple, mais les développeurs ont veillé à ce que le déséquilibre ne soit pas trop flagrant. Ainsi, si votre coéquipier meurt, vous ne pourrez le réanimer qu'en acceptant de payer un lourd prix : la répartition équitable de vos points de vie entre votre barre et celle de votre allié. La mort n'est donc absolument pas gratuite, même à deux joueurs, sans pour autant qu'il soit trop pénalisant de jouer avec plus faible que soit.

Suivant !

Au final, The Swords of Ditto est plein de bonnes intentions et réalise de manière efficace ses promesses, à condition de bien comprendre que le jeu tient davantage du Zelda-like que du pur rogue-like. La formule est agréable et fonctionne ; elle est en outre portée par une direction artistique de qualité.

Néanmoins, il manque au jeu une composante essentielle : l'addiction. Une fois une partie terminée, rien ne donne véritablement envie d'en relancer une. En effet, l'aventure est trop monotone et ne donne pas une impression suffisante de progression. C'est un bon jeu, qui offre du plaisir à ses joueurs, mais n'espérez clairement pas passer plusieurs dizaines d'heures dessus.

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Test réalisé par Alandring à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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