Test de Flowers ~le Volume sur Printemps~

Quand on évoque le yuri (relation romantique ou fusionnelles entre femmes), on pense souvent à Maria-sama Ga Miteru (La vierge Marie nous regarde en français), série de romans légers japonais adaptée en anime et généralement perçue comme le mètre étalon, posant nombre des codes du genre. Flowers ~le Volume sur Printemps~, loin d'échapper à cette règle, semble au contraire l’embrasser, tant le jeu paraît s'inspirer de son aînée sur presque tous ses aspects.

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Avant toutes choses, afin de dissiper tout malentendu, il conviendra de signaler que Flowers -le Volume sur Printemps-~ est un jeu tout public et donc sans scènes à caractère sexuel.

L'inspiration la plus évidente vient du cadre du jeu : l'école privée catholique pour jeunes filles Saint Angraecum, isolée au milieu d'une forêt, avec de sobres uniformes noir et blanc, que nous allons découvrir au travers des yeux de Shirahane Suoh, jeune fille timide et réservée dont la situation familiale l'amena à être jusque-là éduquée à la maison. Regrettant de ne pas pouvoir profiter pleinement de sa jeunesse, désireuse de sortir de sa coquille et voulant par dessus tout se faire des amies, Suoh se rend dans la prestigieuse école, principalement attirée par son système "d'amitié" (en français dans le texte), qui appaire les lycéennes entre-elles pour les inciter à se rapprocher, s'entre-aider et se sociabiliser. Là encore, l'idée évoque fortement le principe de la "petite-soeur" de Maria-sama, bien que dans Flowers le système fonctionne au sein de la même année plutôt que de jouer sur la relation senpai-kohai (l'aînée et la cadette).

Le cadre posé, on accompagne donc Suoh durant ces quelques mois de printemps au cours desquels elle s'efforce de vaincre sa timidité et de se rapprocher de ses camarades, à commencer par la populaire Kousaka Mayuri et la sérieuse Hanabishi Rikka (désignée chef de classe), tout en devant composer avec les jumelles Sasaki Ichigo et Ringo, adeptes des plaisanteries parfois douteuses, ainsi que quelques autres personnages qui viennent renforcer la galerie à mesure que Suoh s'adapte tant bien que mal à son nouvel environnement.

 

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L'un des points fort de Flowers ~le Volume sur Printemps~ est son ambiance maîtrisée, feutrée et tout en douceur, menée par une Suoh dont la voix doucereuse correspond parfaitement à la fois au personnage, mais aussi au cadre dans lequel le jeu se déroule. Les dessins sont riches en détails, les personnages semblant peints et avec un style adapté à l'atmosphère sérieuse du titre. Les musiques sont dans le même ton, douces et lentes, principalement jouées au piano ou aux instruments à cordes et correspondent bien aux situations qu'elles accompagnent. Petit regret, toutefois, même au volume le plus faible et avec les voix pratiquement à fond, la musique reste clairement audible, au point qu'il est parfois difficile d'entendre Suoh, surtout au début lorsque son anxiété l'amène à s'exprimer d'une voix faible.

L'histoire suit un rythme relativement lent et posé, d'abord parce que ce premier épisode se déroule, comme le titre l'indique, durant le printemps, là où la majorité des titres du même genre suivent habituellement une année entière, mais aussi par soucis de coller à l'ambiance générale de l'école : placide. Le scénario repose principalement sur la relation entre les personnages, l'amitié et l'amour, avec ses lots de drames et de triangles amoureux. Les relations se font et se défont naturellement au fil du temps, des incompréhensions naissent pour durer ou êtres dissipées et quelques mystères viennent ponctuer ces quelques mois passés en compagnie des personnages ; l'occasion pour Suoh de monter sur le devant de la scène, toujours guidée par sa volonté de nouer des liens toujours plus forts avec celles qu'elle espère pouvoir enfin appeler ses amies.

 

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La cuisine, c'est du sérieux.

Car, si nous sommes en présence d'un Visual Novel classique dans sa structure générale, le titre propose un nombre de choix assez élevé quand on le compare à d'autres, bien que ce détail tient en partie à l'aspect "déduction" du jeu. N'attendez toutefois pas un Phoenix Wright, ici nulle enquête en mode point and clic. Mais Suoh, confrontée à l'un des mystères évoqué plus haut, passe de temps en temps en mode "réflexion", où il faut choisir les bonnes réponses pour l'amener à résoudre l'énigme. Ces séquences, utilisées avec parcimonie, sont souvent l'occasion pour Suoh de sortir de sa réserve naturelle pour endosser le rôle de détective à la voix douce dénouant les fils du mystère. Rien de grandement original au niveau du gameplay, certes, mais cet ajout est toujours appréciable.

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Detective Suoh à la rescousse !

Le coeur du jeu reste les relations entre personnages et plus particulièrement les romances qui naîtront des choix du joueurs. Flowers ~le Volume sur Printemps~ ne propose que deux personnages pour une romance (généralement appelées "routes"), mais sept fins différentes. L'histoire est plutôt bien maîtrisée, riche en émotions qui s'intensifient à mesure que l'on progresse au fil des chapitres et que Suoh noue des liens avec ses camarades, qui l'affectent en retour, avec son lot de joie, de tristesse, mais aussi de manipulations.

L'interface, quand à elle, est classique et discrète. La fenêtre où le texte s'affiche propose une taille adaptée, ni trop grosse, ni trop petite, laissant tout loisir d'admirer les dessins et s'efface d'un simple clic droit à l'envie. La résolution est correcte et suffisamment confortable en mode fenêtré tout en permettant de profiter du plein écran sans trop perdre en détails. Les voix japonaises sont bien choisies et correspondent aux différentes personnalités des personnages.

 

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Une chapelle et un piano, des uniformes sobres,

on retrouve certains thèmes clé de Maria-sama Ga Miteru.

Le jeu comporte un certain nombre de défauts qui viennent entacher un peu l'expérience, à commencer par le volume sonore, déjà évoqué plus haut. Il est pratiquement obligatoire de baisser le volume de la musique au minimum tout en montant les voix au maximum et, même là, le volume de la musique reste proche de celui des voix. Pour la plupart des personnages, ça n'est guère gênant. Mais Suoh ayant une voix ne portant pas beaucoup, elle se trouve parfois un peu noyée sous la musique. Si le volume musical est trop élevé, même avec les voix au maximum, le soucis s’étend alors également aux autres personnages et il devient presque impossible d'entendre Suoh.

La traduction souffre également d'un manque flagrant de relecture : des fautes de frappe, des phrases entières qui se répètent en remplaçant une réplique... la finition laisse un peu à désirer. Au moins, à l'heure où ce test est rédigé, le bug concernant la musique à l'écran titre semble avoir été corrigé. Ces soucis restent relativement mineurs, mais, pour un Visual Novel où l'essentiel passe par la lecture, ça fait un peu tâche... Signalons également que, comme souvent pour ce genre de jeu, il n'y a qu'une traduction anglaise et il faudra donc être à l'aise dans cette langue pour pleinement profiter du titre.

 

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Qui sait comment faire une introduction mémorable.

Quelques bonnes idées méritent d'être mentionnées, tout particulièrement le fait qu'une fois le jeu fini, pour les parties suivantes, un indicateur apparaît à coté des choix précédemment faits pour indiquer leur pertinence sur la route suivie, permettant de plus facilement tester différents choix pour atteindre les différentes fins. Notons également qu'il existe une version physique incluant le jeu sur DVD, deux figurines en acrylique, trois cartes illustrées recto-verso et une clé Steam pour les collectionneurs.

Pour conclure, Flowers ~le Volume sur Printemps~ est un Visual Novel agréable pour ceux qui aiment les ambiances feutrées et se concentrant essentiellement sur les relations entre personnages. Premier épisode d'une série de jeux qui en comprend quatre au total (un par saison, dont le dernier opus est prévu pour 2017 au Japon), on ne peut qu'espérer que JAST USA éditera les suites en temps voulu. Le prix, 19,99€, est raisonnable considérant la qualité générale du soft, sa durée de vie (comptez environ une quinzaine d'heures pour finir une première route) et son "ancienneté" (initialement sorti au Japon en 2014, soit il y a deux ans). Recommandé pour les amateurs de yuri aimant les histoires plus dramatiques ou ceux qui aiment simplement se laisser porter par les ambiances plus posées et feutrées.

Cerisier-sama Ga Miteru.
Cerisier-sama Ga Miteru.

Test réalisé par Chantelune, à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Genres Visual novel, asie, contemporain

Sortie 17 août 2016 (Europe) (Windows)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.