Notre avis sur la bêta de Gears of War 4

Aujourd'hui s'ouvre la bêta de Gears of War 4, le dernière itération de l'une des licences les plus porteuses de Microsoft. Une bêta est un pari risqué. Maîtrisée, c'est une porte d'entrée dans l'univers du jeu qu'elle tease et un véritable créateur de hype. A l'inverse, elle peut réduire à néant les espoirs d'un jeu et d'une communauté. Nous sommes curieux de connaître vos avis sur la proposition de The Coalition, et nous vous invitons à confronter votre avis avec nos impressions sur la bêta de Gears of War 4 que nous avons eu la chance de pouvoir tester depuis plusieurs jours. 

Imaginez un monde où le « cover shooter » n’en serait qu’à ses balbutiements et dont Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty et Kill Switch en seraient les rares représentants. Un monde où The Division et Deux Ex : Human révolution n’existeraient pas. Nous sommes en 2006 et ce monde est sur le point d’être bouleversé par Epic Games avec l’arrivé de son titre Gears of WAR sur Xbox 360. Derrière l’aspect bourrin de ce TPS, sous les mares de sang, se cache en réalité les bases d’un gameplay qui influence de nombreux jeux, jusqu'aux plus récents. Avec son système de couverture, Gears of War amène une toute nouvelle dimension – relativement tactique – au TPS. L’histoire entre Epic Games et Microsoft continue pendant 5 ans et est à l’origine de la naissance de deux autres jeux, formant ainsi une trilogie, Gears of War 2 et Gears of War 3. Désireux de continuer à faire vivre la licence, Microsoft demande ensuite au studio People Can Fly de s’attaquer à un nouveau jeu. C'est ainsi que Gears of War : Judgment voit le jour. Mais en proposant une campagne inintéressante et un multijoueur « trop FPS » le jeu connaît un destin funeste, éclipsant la licence elle-même de l'esprit des joueurs. 

Avec l’ambition de ressusciter Gears of War d’entre les morts, Microsoft rachète les droits de la licence en 2014 et fonde son propre studio, The Coalition, qui crée ainsi son premier jeu. L’enjeu est donc de taille pour la firme de Redmond. Entre ses mains peu expérimentés, à quoi donnera naissance le rite de la résurrection ? Avènement ou mort-vivant ?

À propos de la bêta

Si techniquement la bêta est des plus classiques, elle évite l’écueil de son aînée : il est ici possible de rejoindre ses amis et de fait de lancer à plusieurs. Avec trois modes et trois cartes, elle donne un bon aperçu de ce que sera la partie multijoueur de Gears of War 4. On retrouve évidement le Team Deathmatch classique, bien que les 30 tickets de GOW Ultimate Edition laissent place à seulement 15 tickets, et deux nouveaux venus font leur apparition. La playlist Dodgeball ressemble d’apparence au Team Deathmatch, sauf qu'ici les réapparitions sont conditionnées. Lorsque vous passez l'arme à gauche, vous rejoignez une file d'attente et vous n'aurez le droit de réapparaître que lorsqu'un coéquipier réalise un frag, à la condition que vous soyez le premier sur la file d'attente. En d'autres mots, la partie peut se terminer en 30 secondes si aucun membre de l'équipe ne parvient à tuer un adversaire ! Le dernier mode, quant à lui, s'adresse plus particulièrement aux néophytes. Si la prise en main du titre est relativement intuitive, la réalisation du geste juste demande une précision chirurgicale. Dans Co-op TDM, 5 joueurs sont invités à se rejoindre pour affronter une équipe de 5 personnages contrôlés par l'IA. En somme, c'est un bon moyen d'apprendre à maîtriser les us et coutumes de Gears of War, d'autant plus que l'expérience acquise est identique aux autres modes.

Véritable retour aux sources, pour le meilleur...

Dès la première partie, on découvre que Gears of War 4 devient le marteau du retour aux sources et Judgment l’enclume sur laquelle il tape. L’objectif est clair pour The Coallition : faire oublier Judgment et repartir sur des bases plus saines, celles de Gears of War 3. C’est donc avec plaisir qu’on retrouve l’essence de la licence et les mécaniques qui ont fait son succès.

L’utilisation du décor est primordiale et le cœur du gameplay repose sur la faculté du joueur à se couvrir au bon moment et à se déplacer de couverture en couverture sans risque. Et si la prise en main est presque immédiate, le timing à apporter au geste demande une dextérité à toute épreuve. C’est d’autant plus vrai qu’une autre des particularités de la série est de proposer un champ de vision (FOV) particulièrement réduit, rendant ainsi chaque déplacement, chaque instant, dangereux. Le joueur doit constamment rester à l’affût afin d’éviter de se manger un coup de pompe dévastateur dans l’aile. Si tout cela semble des plus classiques pour un Gears of War, trois nouveaux mouvements apportent une nouvelle profondeur au système de couverture. Ainsi, il est possible de courir et de sauter par-dessus un muret en appuyant sur B. Notre personnage l’enjambe en pleine course, bouscule l’ennemi d’un coup de pied et profite qu’il soit sonné pour lui planter un couteau mortel avec Y. Dans le deuxième cas, il s’agit de sauter par-dessus un mur et, tout en pressant Y, de planter notre lame directement dans l’ennemi. Enfin, une pression sur X permet d’attraper un adversaire, de le ramener de notre côté et de l’exécuter à l’arme blanche. Vous l’aurez compris : ces trois mouvements renforcent encore un peu plus l’insécurité perpétuelle que l’on ressent en jouant à Gears of War et sont autant de façon d’apporter la mort par une exécution. Ahhh les exécutions sur Gears, tout une religion. Dans le cas d’une mise à terre, vous pourrez soit être réanimé par un coéquipier, soit ramper dans votre bain de sang pour tenter d’échapper à l’adversaire et agoniser dans votre coin jusqu’à ce que votre personnage se relève. Mais si un adversaire vous attrape, il pourra vous infliger une exécution sanglante et particulièrement monstrueuse en fonction de l’arme qu’il tient entre les mains.

Gears of War 4 abandonne toute la verticalité apportée par Judgment ; les cartes sont aussi symétriques qu’horizontales. Dans ce contexte, le leitmotiv de chaque équipe sera dans un premier temps de récupérer les deux armes dangereuses sur la carte et pourquoi pas les grenades, qui sont redevenues plus rares et donc plus précieuses que dans Judgment, avant d’essayer d’encercler l’équipe adversaire et de donner une bonne leçon à des membres de la C.G.U trop téméraires ou à des Swarm trop farouches. Pour cela, vous disposez de tout l’arsenal emblématique de la série. Le Lanzor et sa célèbre tronçonneuse ou le Kaomax pour une mise à terre à distance. Le fusil à pompe, le sniper, le lance-roquette, l'arbalète, et la nouvelle arme, le Dropshot, sorte de Digger aérien, pour ne laisser aucune chance à l’adversaire. On retrouve également la présence du rechargement éclair (réaliser un rechargement parfait confère à votre prochaine balle un bonus de dégât) à une différence, et de taille : un rechargement peut être effectué alors même que le chargeur est encore plein !

...Et pour le pire.

Le premier reproche que l'on pourrait faire au jeu, c'est son manque d'innovation. Le gameplay de Gears of War 4 n'est autre que celui d'un Gears of War 3+. Au sein de la rédaction, nous sommes heureux d'y remettre les pieds. En revanche, certains joueurs pourront ne pas se laisser convaincre par la vision d'un gameplay déjà tant éculé. 

Gears of War 4, vous dîtes ?
Gears of War 4, vous dîtes ?

Et si le gameplay est le même, il est malheureux de constater que les graphismes semblent avoir suivi le même processus. Comprenons-nous bien : la patte Gears est toujours présente, à cette déconvenue près que les différences entre le 3 et le 4 semblent minimes malgré une nouvelle génération de console. C'est terne, les effets de lumières sont en demi-teintes ; l'ensemble donne l'impression d'accuser le coup d'un moteur de jeu vieillissant, alors même que ce nouveau jeu s'offre le luxe d'utiliser l'Unreal Engine 4. La faute au 60 FPS ? Coup de communication dans le but d'en envoyer dans les rétines lors de la sortie officielle du jeu ? 

Enfin, la dernière critique que l'on pourrait émettre à propos du titre ne vise pas directement son gameplay mais l'incroyable complémentarité entre celui-ci et la manette Elite - ou concurrentes. Paradoxe. Alors que cela pourrait être un bon moyen pour Microsoft d'encore mettre en avant sa manette, c'est tout un équilibre qui s'écroule. La règle qui prédomine sur console est la plus parfaite équité entres les joueurs au niveau du hardware. Ici, où l'enchaînement des déplacements est si important, et si simplifié avec une manette Elite, la règle se découvre une exception. Il est difficile de ne pas voir qu'un joueur ne possédant qu'une manette normale sera clairement désavantagé par rapport au joueur équipé. 

En conclusion

Si l'objectif de la bêta était de rassurer sur l'avenir de la licence, alors il est atteint. Dès les premiers instants, on retrouve les sensations et on prend un vilain plaisir à rendre hommage au sanglant et à la boucherie avec les différentes armes. Le gameplay est bien celui d'un Gears of War, à ne pas en douter ! Les rares innovations s'ajoutent parfaitement à celui-ci et offrent un peu plus de profondeur, sans pour autant tomber dans le piège de la dénaturalisation. Mais c'est aussi ce qui pourrait en rebuter plus d'un. Entre un Gears of War 3 et ce nouveau Gears of War, les différences sont minimes, autant dans le gameplay que dans les graphismes, plongeant ainsi le joueur en terrain – trop –  connu. Heureusement, il reste du temps avant la sortie officielle du jeu et des cartouches à The Coalition. S'ils arrivent à peaufiner les graphismes et proposent une campagne et un mode horde dignes de ce nom, alors nul doute que Gears of War 4 sera une réussite tant critique que commerciale. 

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