Le free-to-play, une réponse au piratage et à l'attente des nouvelles consoles

L'industrie du jeu ne jure que par le free-to-play. Mais selon Yves Guillemot, CEO d'Ubisoft, cette tendance n'est qu'une réponse aux contraintes imposées par le piratage et s'impose temporairement en attendant les prochaines consoles.

Yves Guillemot

On l'a constaté durant l'E3 en juin dernier et plus encore la semaine dernière lors de la gamescom de Cologne : Ubisoft mise sur le jeu free-to-play. Le groupe français décline plusieurs de ses licences historiques (The Settlers, Anno, Silent Hunter en plus de plusieurs variantes de Might and Magic) sous forme de MMO distribués gratuitement.
Cette démarche s'inscrit dans une tendance forte de l'ensemble du secteur (tous les exploitants de jeux font évoluer leur catalogue vers le free-to-play), mais pour Yves Guillemot, CEO d'Ubisoft et qui se confie à Games Industry, cette tendance s'explique de façon très pragmatique. Le free-to-play serait d'abord une réponse au piratage et ensuite le fruit d'une attente trop longue des prochaines générations de consoles.

« Nous voulons développer nos activités sur le marché PC et le F2P est une bonne façon de le faire. L'avantage du F2P est que nous pouvons générer des revenus depuis des pays qui nous étaient inaccessibles jusqu'à présent, où nos produits joués, mais pas achetés. Maintenant, avec le F2P, nous y générons un chiffre d'affaires.
Et c'est une façon de rester proche de nos clients, et nous assurer de dégager un revenu. Sur PC, seuls 5% à 7% des joueurs paient dans le cadre d'un F2P, mais sur PC, seuls 5% à 7% des joueurs paient de toute façon et le reste a été piraté. Il y a environ 93% à 95% de taux de piratage sur PC, donc au final, ce sont à peu près les mêmes proportions. Le revenu que nous générons à partir des joueurs payants s'inscrit par ailleurs dans un processus à plus long terme, ce qui nous permet d'ajouter plus de contenu. »

Et de préciser que l'opération est d'autant plus rentable que les titres free-to-play sont traditionnellement moins chers à concevoir et peuvent être adaptés et améliorés progressivement, tout au long de l'exploitation du jeu.

Mais selon Yves Guillemot, cette tendance pour le free-to-play (notamment sur PC mais de façon plus marginale aussi sur console) s'explique aussi par un marché du jeu payant peinant actuellement à tenir ses promesses. La faute notamment aux cycles de vie des consoles, trop longs selon le CEO, et aux carences d'innovation qu'ils engendrent. Faute d'un marché du jeu console très dynamique, les exploitants se tournent vers le jeu PC et faute d'innovations marquantes sont contraints à la gratuité.
Le CEO considère néanmoins qu'avec la nouvelle génération de console à venir prochainement (à commencer par la Wii U, pour laquelle Ubisoft développe plusieurs titres, et en attendant les machines de Sony et Microsoft), l'industrie du jeu profitera d'un « boost énorme » comme à chaque renouvellement de cycle et sera mécaniquement marqué par un retour aux modèles économiques plus traditionnels. Alors le free-to-play faute de mieux ou vraie tendance ayant vocation à durer par-delà les cycles ?

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