À la découverte d'un univers plus large : comics et romans autour de The Old Republic

Aujourd'hui Alexander Freed scénariste senior chez Bioware va nous parler des comics et roman qui tourne autour de l'univers du jeu Star Wars The Old Républic

Je suis Alexander Freed, scénariste sénior chez Bioware Austin. Faisant suite à deux jeux vidéo inspirés de l'univers de la série de comics Tales of the Jedi, Star Wars™:The Old Republic™ est en lien très étroit avec de nombreux autres  histoires. Elle s'inscrit dans une tradition qui s'étend sur plus de trente ans à travers le cinéma, la télévision, les romans, les émissions de radio jusqu'aux albums de coloriage !

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Faisant partie de cet univers étendu, il n'est donc guère surprenant que The Old Republic entraîne dans son sillage sa propre série de romans dérivés. D'ici la fin de 2011, The Old Republic donnera son nom à trois romans, trois mini-séries de comics, une poignée de nouvelles et bien plus. Étant l'un des plus vastes projets de toute l'histoire du divertissement, le jeu ne manque pas de matière dont s'inspirer. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce jeu est immense.

J'ai eu le plaisir de travailler sur The Old Republic en tant que scénariste pour le jeu et pour deux produits dérivés : Blood of the Empire (publié d'abord sous la forme d'un webcomic avant d'être publié sur papier) et The Lost Suns, une mini-série de comics en cinq volets actuellement publiée par Dark Horse Comics. Pour ce blog des développeurs, je vais exposer quelques-unes de mes idées pour enrichir la mythologie de The Old Republic et donner quelques règles que tout bon récit dérivé devra suivre.

Se rendre indispensable

La première chose que devra faire tout récit dérivé potentiel de Star Wars™ et de The Old Republic sera d'apporter des réponses à certaines questions : qu'est-ce que le récit apporte à la mythologie de The Old Republic ? En quoi changera-t-il l'expérience du jeu du lecteur ou de la lectrice ? Le récit permet-il au lecteur d'aborder un personnage sous un nouveau point de vue ? Permet-il de résoudre un mystère auquel le jeu ne donne aucune explication ? Aborde-t-il l'univers ou à le déroulement de l'histoire sous un angle inédit ?

Mais surtout, l'histoire est-elle indispensable à The Old Republic au point que sans elle, le jeu ne pourrait pas exister ?

Si vous êtes capable de répondre par la positive à cette dernière question, vous avez un excellent point de départ pour répondre aux autres questions et créer une histoire capable de passionner les fans de Star Wars: The Old Republic.

Dans le comic Blood of the Empire, nous avons cherché à raconter une histoire sur l'Empire Sith et aborder cette culture sous un angle inédit. Nous avons choisi de raconter l'histoire de notre protagoniste, Teneb Kel, un jeune, intelligent et ambitieux Sith en train de grimper les échelons de la hiérarchie tout en gardant un fond d'humanité. Étant une préquelle du jeu, Blood of the Empire présente quelques-uns des principaux personnages malveillants (les joueurs des classes du Jedi Consulaire et de l'Inquisiteur Sith vont être servis) et des points de l'intrigue.

 

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Blood of the Empire : crayonnage par Dave Ross, encrage par Mark McKenna et couleurs par Michael Atiyeh

Pour The Lost Suns, nous avons eu une approche différente. Au lieu de raconter ce qui se passait avant le jeu, nous avons décidé que l'intrigue se déroulerait en même temps que le jeu, et faire une "neuvième histoire" parallèle aux huit histoires des classes du jeu. Cette fois-ci, nous nous sommes intéressés à un espion de la République, Theron Shan, fils du Grand Maître Jedi Satele Shan (qu'on pouvait voir dans la bande-annonce de Hope ensevelir Dark Malgus sous une montagne et grimper du rang de Chevalier à celui de Maître dans le comic Threat of Peace).

Par son appartenance à la famille de l'une des plus grandes personnalités de l'univers et à la nature de son parcours qui conduit à découvrir quelques sombres vérités sur la guerre galactique, Theron Shan, débrouillard, épuisé et tour à tour mielleux et impitoyable, était le protagoniste idéal pour une histoire qui révèlerait des éléments du passé (comment l'Empire a-t-il bien pu conclure un traité de paix avec la République ?), du présent (quels sont les projets du Conseil Noir au tout début du jeu ?), du futur (quels dangers devront affronter les joueurs dans certaines parties du jeu ?) et de la galaxie de Star Wars™ pendant et autour du déroulement chronologique de The Old Republic.

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Dans le roman de Paul S. Kemp Deceived, on assiste à l'ascension de Dark Malgus et du chaos qui entoure le Pillage de Coruscant, l'un des événements  fondateurs de l'intrigue de The Old Republic. Le roman à paraître de Drew Karpyshyn Revan réussit le tour de force d'être en même temps une préquelle de The Old Republic et des deux jeux originaux Star Wars: Knights of the Old Republic en racontant le voyage du personnage éponyme et en révélant l'identité et le passé du mystérieux Empereur Sith. Mais je n'en dirai pas plus.

Bien entendu, que les joueurs qui n'ont jamais lu de comic ou de roman dérivé n'aillent pas croire qu'ils ont loupé un pan essentiel de l'histoire. Au contraire, le but est que ceux qui lisent les romans dérivés puissent connaître l'univers plus en profondeur. Cela nous mène au point suivant, on peut être lecteur sans être nécessairement fan du jeu…

Partir de zéro

 Bien qu'il doive être en rapport avec le jeu, un dérivé de TOR doit pouvoir être indépendant en même temps. Tous les lecteurs ne connaissent pas par cœur l'univers du jeu et ses personnages (surtout avant sa sortie !). Certains ne connaissent que les films de la série Star Wars , peut-être même qu'ils n'ont vu que la trilogie originale et ne connaissent pas Jar-Jar Binks ni Mara Jade.

Alors comment faire pour s'adresser aussi bien aux fans occasionnels qu'aux inconditionnels ? Il faut partir du principe que le lecteur ne sait rien et présenter tout ce qu'il ou elle doit savoir, sans oublier d'accorder les personnages et les situations indépendamment de la façon dont ils interagissent dans le jeu.

Le lecteur de The Lost Suns a-t-il besoin de savoir que la mère de Theron Shan est une Jedi ? Absolument, et le fait de voir Satele Shan en action dans sa jeunesse (comme dans la cinématique “Le retour” et le premier tome de The Lost Suns) permet de construire l'identité de Theron et de l'intrigue comme un tout.

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The Lost Suns : crayonnage par George Freeman & Dave Ross, encrage par Mark McKenna et couleurs par Michael Atiyeh

Mais le lecteur de Blood of the Empire a-t-il vraiment besoin de savoir qu'Exal Kressh est le dernier héritier d'une lignée de Sith qui remonte jusqu'à Ludo Kressh (personnage présent dans la série de comics Tales of the Jedi) ? Absolument pas ! Les fans les plus assidus verront la référence et feront le lien avec le personnage d'Exal, mais cette information n'est pas indispensable à l'intrigue.

Malgré tout, il y a une exception à la règle : il faut toujours considérer que le public est intelligent. Donnez aux lecteurs une intrigue solide avec des personnages capables de les captiver et ils verront tout de suite où vous voulez en venir. Les lecteurs n'ont jamais besoin qu'on leur mâche tout le travail. Il suffit de veiller à leur donner tous les éléments dont ils ont besoin et ils feront les liens tous seuls.

Rester fidèle à l'univers

Ça paraît évident. Qui voudrait d'un comic ou d'un roman inspiré de The Old Republic qui ne rappelle pas l'univers du jeu ? Mais rester fidèle à l'univers, c'est bien plus que se contenter d'en suivre le déroulement chronologique et de savoir écrire correctement le nom des personnages.

En ce qui concerne les comics, notre travail consiste à faire en sorte que le style graphique de chaque page respecte celui que vous voyez à l'écran. Chaque artiste a son propre style, mais pour s'assurer du bon respect de l'esthétique d'un projet comme The Lost Suns, Bioware dispose de centaines de travaux de référence. Grâce aux captures d'écran et aux croquis de différentes tenues, espèces, armes, pouvoirs, environnements et personnages, les références qui ont permis aux artistes de faire correspondre l'ambiance du comic à la période n'ont pas manqué.

 
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Cela signifie également que vous verrez certains éléments dans les comics pour la première fois. Aussi, vous verrez certains éléments plus en détail dans les comics que dans le jeu : non que ce détail soit absent, mais dans le jeu, vous serez sans doute plus occupé à combattre les monstres plutôt que d'admirer la couleur de leurs écailles.

Savoir rendre autant que ce que l'on prend

Une des raisons pour laquelle les gens aiment Star Wars est que l'univers est fantastique et regorge de merveilles. Une cantina pleine d'extra-terrestres loufoques est une vision rafraîchissante et amusante et des références obscures à une "Piste de Kessel" ou une "Bataille de Tanaab" suggère que la galaxie est pleine d'endroits et d'événements mystérieux. Et lorsque ces endroits et ces événements ont été entièrement explorés, que chaque espèce est identifiée et que chaque kilomètre carré de Kessel a été cartographié, ils peuvent faire l'objet d'une histoire plutôt que de rester des éléments secondaires.

En l'occurrence, ce qui est valable dans Star Wars en général est aussi valable dans The Old Republic. Les mystères existent pour être résolus et les personnages, avec leurs parcours uniques, peuvent donner une histoire fascinante. En contrepartie, un bon roman dérivé apporte son lot de nouveaux personnages, de nouveaux univers et de nouveaux mystères pour renouveler cet univers et préserver sa magie.

Chaque roman dérivé de The Old Republic existant a apporté une part de nouveau et d'inexploré dans le jeu, quelque chose qui vient enrichir l'univers plutôt que de se contenter de détailler ce qui existe déjà. Et quand les scénaristes développent un élément nouveau et intéressant dans un dérivé, cet élément peut être exploré plus en profondeur dans le jeu lui-même, ce qui perpétue le cycle.

Raconter une belle histoire

Aucune des règles précédentes n'est valable si elles ne s'appliquent pas à une belle histoire avec une intrigue passionnante et des personnages intéressants. Cette règle-là est la plus difficile à appliquer. En général, on ne sait jamais si on a réussi à raconter une bonne histoire tant qu'elle n'a pas été publiée et est passée entre les mains des lecteurs. Ce sont les lecteurs, fins connaisseurs de l'univers de Star Wars ou simples amateurs des films, qui jugeront au final si notre histoire a été bonne.

Alors dites-nous ce que vous pensez de notre travail. Faites-nous part de vos attentes et dites-nous aussi ce que vous voulez voir à l'avenir.

En attendant, il nous reste encore de nombreuses histoires à écrire pour le jeu et au-delà. Après tout, avec une galaxie aussi immense qu'une certaine autre lointaine, très lointaine, ce n'est pas la matière qui manque pour travailler sur The Old Republic.

Alexander Freed
Scénariste sénior

Source : http://www.swtor.com/fr/actualite/blog/20110909

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